Eliot George – Scènes de la vie du clergé

Eliot George – Scènes de la vie du clergé, Tribulations du révérend A. Barton, Roman de M. Gilfil : Imaginez, dans les Midlands anglais, vers la fin du 18e siècle et le début du 19e, les petites villes de Milby et Shepperton. Cette dernière avait eu une bien belle église. Les services, selon le rite ancien, y étaient superbes puis l’église avait été modernisée pour suivre les idées nouvelles. L’arrivée du révérend Amos Barton qui tient pour la doctrine ancienne se trouve en porte-à-faux avec les convictions de ses paroissiens. En plus il est laid et commun avec son visage étroit, son teint indéfinissable et sa calvitie. Qu’il est mal habillé avec ses vêtements usés ! Et sa culture défaillante, comment a-t-il réussi à suivre le cursus de son état ? Sa femme, par contre, une sainte ! Avec une santé chancelante comme la sienne, elle travaille, se dévoue et se débrouille pour ses six enfants alors que son mari… pense-t-il seulement à sa famille ? Et voici que, maintenant, cette comtesse si étrange vient habiter chez eux ? On en devine bien les raisons ! Quelle inconvenance pour un pasteur ! Mais ces mauvaises langues ignoraient combien maigre était sa rétribution, insuffisante pour tout le ménage, et que la charité seule avait fait recueillir cette femme orgueilleuse ayant perdu sa maison. Néanmoins, le scandale…

Maynard Gilfil avait précédé Amos Barton dans la paroisse. Il était respectable et il n’en faisait pas trop. Ses sermons, heureusement, courts, ne comportaient que peu référence aux sujets religieux de son époque et il ne sollicitait pas ses paroissiens. Mais il était amoureux : aumônier de Sir Christopher Cheverel au manoir de Cheverel, il avait rencontré Caterina Saret une jeune italienne. Quelques années plus tôt, en Italie, les Cheverel, sans enfants, l’avaient recueilli comme pupille. Mais, en Angleterre, la pauvre Tina, femme, étrangère et de « basse » naissance, ne pouvait être adoptée. Devenue la dame de compagnie de Lady Cheverel, elle brille par ses dons de chanteuse. Gilfil compte l’épo, avec l’assentiment de Lord Cheverel. Mais Tina est infatuée du capitaine Wybrow, le beau et vaniteux neveu des Cheverel, lequel compte bien épo un beau parti, Miss Beatrice Asscher.  Comment cela finira-t-il ?

Ces deux histoires narrent les luttes d’un pasteur contre l’hypocrisie de la société, les exigences de la religion institutionnelle dans les « tensions entre l’Église anglicane et les églises méthodistes et évangélique), et par les nouveaux courants au sein de l’Église anglicane (Mouvement d’Oxford) » (Wikipédia) et interrogent sur le sens de la vraie religion. Elliot s’inspire de la région de son enfance, au Warwickshire, un comté de Midlands dont elle reprend des personnages et des histoires réelles pour nous décrire la vie provinciale et ses défis, la pauvreté, l’alcoolisme et la violence conjugale et évoquer la nature du véritable amour.

Ces deux nouvelles, dont la parution originale anglaise de 1857 comporte une troisième, Le Repentir de Jonet, sont la première fiction publiée par George Elliot, le pseudonyme de Mary Anne (ou Marian) Evans, qui deviendra une écrivaine majeure de la littérature victorienne. Cette publication inquiéta fort ceux qui, à tort ou à raison, se retrouvaient dans ces nouvelles et George Elliot fut forcée de s’exc auprès d’un vicaire de la région. Elles furent cependant saluée par les critiques, accueillie par des « applaudissements justes et perspicaces », malgré de faibles ventes, et des spéculations considérables quant à l’identité de son auteur (Wikipédia)

Charles Dickens écrivit à Elliot : « J’ai été si fortement affecté par les deux premiers contes dans le livre que vous avez eu la gentillesse de m’envoyer, par l’intermédiaire de MM. Blackwood, que j’espère que vous m’excez de vous écrire pour vous exprimer mon iration de leur extraordinaire mérite. La vérité et la délicatesse exquises à la fois de l’humour et du pathos de ces histoires, comme je ne l’ai jamais vu, m’ont impressionné d’une manière difficile à vous décrire, si j’avais l’impertinence d’essayer. […] je suis tenu (je présume) d’adopter le nom qu’il plaît à cet excellent écrivain d’avoir pris. [Mais…]. J’ai observé ce qui me semblait un toucher si féminin dans ces fictions émouvantes que l’assurance sur la page du titre est insuffisante pour me satisfaire encore aujourd’hui. »

La photo de première page, Gates and disused chapel at East-the-Water Cemetery, Bideford, Barnstaple Street, Devon a été prise en 2017 par :Jack1956 (Wikimedia)

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